Energica mise aux enchères à 4 millions d’euros

11 avril 2025 Assurance Moto

Posséder votre propre marque de motos électriques, ça vous tente ? C’est aujourd’hui possible. Enfin, pour ceux qui disposent de 4,275 millions d’euros. Après une première tentative infructueuse de revente en décembre dernier, Energica revient sur le marché avec une mise aux enchères revue à la baisse. Une ultime chance pour cette entreprise pionnière du deux-roues électrique de retrouver un investisseur prêt à lui offrir une nouvelle vie. 

L’ascension fulgurante d’Energica 

Fondée en 2014 à Modène, en Italie, Energica émerge rapidement comme un acteur majeur du segment des motos électriques hautes performances. Issue d’un projet initié par le groupe CRP, la marque se spécialise dans des modèles sportifs et technologiquement avancés. 

Dès ses débuts, elle se distingue par une approche avant-gardiste, proposant des motos équipées de batteries de haute capacité et de systèmes de gestion électronique sophistiqués. L’EGO, premier modèle sportif de la marque, démontre que la performance et l’électrique ne sont pas incompatibles. Suivent le roadster EVA et l’EsseEsse9, une moto au style néo-rétro qui répond à une demande plus large du marché. 

Son engagement dans la compétition conforte sa crédibilité : Energica devient le fournisseur unique du championnat FIM MotoE entre 2018 et 2022, mettant en avant son savoir-faire technologique. Parallèlement, l’entreprise attire les investisseurs, dont des fonds américains, qui lui apportent les ressources nécessaires à son expansion. La marque répond aux attentes d’un public en quête d’innovation et s’associe à des projets de mobilité durable. 

La chute 

Malgré ces belles perspectives, Energica n’échappe pas aux réalités économiques. Le marché de la moto électrique, encore en phase de maturation, peine à convaincre un large public. L’autonomie des batteries, le coût des véhicules et le manque d’infrastructures de recharge ralentissent l’adoption de ces modèles. 

De plus, la crise des semi-conducteurs et les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales compliquent la production. La montée des coûts des matières premières impacte directement les marges, rendant chaque vente plus difficile. Si certaines grandes marques sont suffisamment solides pour encaisser ces coups durs, Energica, en tant que start-up, se retrouve rapidement en situation critique. 

Son principal actionnaire, confronté à ses propres difficultés financières, ne peut plus assurer le soutien nécessaire. L’entreprise voit alors ses liquidités fondre, et l’absence de nouveaux investisseurs condamne son avenir. En octobre 2024, le conseil d’administration acte le dépôt de bilan, signant la fin d’une aventure qui semblait pourtant pleine de promesses. 

Energica aux enchères : un nouvel espoir ? 

En décembre 2024, une première vente aux enchères est organisée pour tenter de sauver ce qui peut l’être. Mais avec une mise de départ fixée à 5,7 millions d’euros, aucun acquéreur ne se présente. Un mois plus tard, la Cour de Modène revoit les conditions et fixe un prix de réserve à 4,275 millions d’euros, en espérant susciter l’intérêt d’un acheteur. 

L’offre inclut non seulement la marque et son image, mais aussi l’ensemble de ses actifs matériels et immatériels : 

Pour un acquéreur potentiel, cela représente une occasion rare de mettre la main sur une entreprise dotée d’un savoir-faire reconnu. Mais au-delà du prix attractif, la question reste : que faire de cet investissement dans un marché encore fragile ? 

Quel avenir pour Energica ? 

L’histoire d’Energica met en lumière les défis que rencontre l’industrie du deux-roues électrique. Contrairement au secteur automobile, où les réglementations et subventions encouragent fortement l’électrification, le segment des motos reste en retrait. La majorité des motards sont attachés aux sensations offertes par les moteurs thermiques, et les infrastructures de recharge spécifiques aux motos restent insuffisantes. 

Même les grands constructeurs avancent avec prudence, préférant tester des modèles hybrides ou développer progressivement leurs offres électriques. Dans ce contexte, les entreprises purement électriques doivent faire face à un double défi : convaincre les consommateurs tout en assurant leur viabilité financière. 

Qui pourrait se porter acquéreur d’Energica ? Plusieurs scénarios sont envisageables. Un constructeur déjà implanté pourrait voir dans cette acquisition une opportunité d’accélérer son développement électrique sans repartir de zéro. Une entreprise du secteur énergétique pourrait également s’y intéresser pour diversifier son offre et exploiter les brevets développés par Energica, tout comme un nouvel acteur ambitieux pourrait être prêt à relever le défi. 

Dans un marché encore en maturation, le pari reste risqué. Le résultat de cette enchère ne dictera pas seulement le sort d’Energica, il devrait donner également une indication sur l’avenir du deux-roues électrique en Europe.  

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