Périphérique parisien : une voie réservée au covoiturage en test

10 mars 2025 Assurance Auto

Depuis le lundi 3 mars 2025, une expérimentation d’envergure est en cours sur le boulevard périphérique de Paris : une voie réservée au covoiturage et aux transports collectifs. Cette initiative, qui vise à fluidifier le trafic et à réduire la pollution, marque un nouveau tournant dans la gestion de cette artère essentielle de la capitale. En permettant à certains véhicules d’accéder à cette voie, la métropole espère encourager une mobilité plus durable et efficace, et limiter le phénomène d’autosolisme. 

Fonctionnement et règles d’utilisation de la voie réservée au covoiturage 

Le principe est simple : la voie la plus à gauche du périphérique devient, à certaines heures, une voie réservée. Cette restriction s’applique du lundi au vendredi, de 7h à 10h30 et de 16h à 20h. Les véhicules autorisés comprennent ceux transportant au moins deux personnes, les transports en commun, les taxis, les VTC en charge, ainsi que les véhicules de secours et certaines catégories de deux-roues motorisés. 

Pour signaler cette voie réservée, un panneau lumineux affichant un losange blanc est mis en place. Lorsqu’il est allumé, seuls les usagers autorisés peuvent emprunter la voie concernée. En dehors des plages horaires d’activation, tous les automobilistes peuvent y circuler librement. 

Un dispositif testé sur une portion du périphérique 

L’expérimentation commence sur un tronçon précis : entre le quai d’Issy et la porte de Bercy, dans les deux sens. Cette première phase permettra d’évaluer l’impact du dispositif avant une éventuelle extension à l’ensemble du périphérique. 

La mesure s’inscrit dans un projet plus large de transformation de cette ceinture routière. Elle fait suite à la limitation de la vitesse à 50 km/h en octobre 2024 et s’intègre dans une stratégie globale visant à réduire la pollution et améliorer la qualité de vie des riverains. 

Vidéo-verbalisation et sanctions 

Dès son lancement, la voie réservée bénéficie d’un système de contrôle automatisé par caméras, assisté par intelligence artificielle. Les conducteurs en infraction recevront un message de sensibilisation durant les premières semaines. Mais à partir de mai 2025, des contraventions de 135 euros seront infligées aux contrevenants. 

Des capteurs et des systèmes de reconnaissance d’images sont déployés pour repérer les véhicules ne respectant pas la règle. L’objectif est d’assurer une application stricte de la mesure sans perturber la circulation globale. 

Un modèle inspiré d’autres villes 

Paris n’est pas la première métropole à tester ce concept. En effet, des villes comme Grenoble, Lille ou encore Nantes ont déjà mis en place des voies similaires. Sur certaines autoroutes françaises, notamment l’A1 et l’A13 aux abords de la capitale, des dispositifs comparables existent déjà. 

L’expérience à l’étranger montre que ces initiatives peuvent avoir un impact significatif sur la réduction du trafic et la qualité de l’air, à condition qu’elles soient accompagnées de mesures incitatives pour le covoiturage. 

Un enjeu environnemental et sociétal 

L’instauration de cette voie réservée ne vise pas seulement à décongestionner le périphérique, mais aussi à encourager des comportements plus vertueux en matière de mobilité. Avec plus d’un million de véhicules circulant quotidiennement sur cette voie rapide, la réduction de l’autosolisme (le fait de voyager seul dans son véhicule), qui ne cesse de croître aux heures de pointe selon le dernier baromètre de Vinci Autoroutes, est une priorité affichée par les autorités. 

Les impacts environnementaux sont également au cœur des motivations de cette expérimentation. En réduisant le nombre de véhicules individuels, les initiateurs du projet espèrent diminuer les émissions polluantes et améliorer la qualité de l’air pour les 500 000 riverains exposés quotidiennement aux nuisances du périphérique. Selon la mairie de Paris, cet axe de circulation majeur est l’espace le plus pollué de la capitale. 

Réactions et controverses 

Si cette mesure a été précédée par une concertation avec les acteurs concernés, elle suscite déjà des débats. Certains automobilistes redoutent une augmentation des embouteillages sur les autres voies du périphérique, tandis que d’autres considèrent qu’elle ne fera qu’aggraver les difficultés de circulation pour ceux qui ne peuvent pas covoiturer. 

Des associations d’usagers de la route ont déjà exprimé leur opposition à la mesure, allant jusqu’à lancer une pétition pour demander son annulation. Elles craignent notamment un effet contre-productif sur la fluidité du trafic et mettent en cause la pertinence de l’approche. 

Une expérimentation suivie de près 

Les mois à venir seront décisifs pour mesurer l’efficacité de cette mesure. Un suivi régulier sera assuré afin d’évaluer son impact sur la circulation, la qualité de l’air et la sécurité routière. Les autorités ont déjà annoncé qu’elles pourraient ajuster les modalités de la voie réservée en fonction des résultats obtenus. 

Quoi qu’il en soit, cette expérimentation constitue une étape majeure dans la transformation du périphérique parisien. Reste à voir si les automobilistes joueront le jeu du covoiturage ou si cette voie réservée suscitera plus de frustrations que d’adhésions. Une chose est certaine : l’avenir du boulevard périphérique est en pleine mutation. 

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