La fin de la circulation inter-files pour les motos sur le périphérique

14 octobre 2024 Assurance Moto

La pratique de la circulation inter-files, où les deux-roues motorisés se faufilent entre les véhicules immobilisés ou en mouvement, anime les débats en France depuis des décennies. Bien que tolérée, cette pratique n’a jamais été intégrée au Code de la route. Depuis août 2021, elle fait l’objet d’une expérimentation dans plusieurs départements, permettant aux autorités d’étudier les conditions de sa légalisation potentielle. Cependant, un récent développement sur le boulevard périphérique parisien pourrait mettre fin à cette expérimentation dans la capitale, en raison de la réduction de la vitesse limite à 50 km/h.

Contexte de l’expérimentation

L’expérimentation de la circulation inter-files, connue sous le sigle CIF, a été initiée le 2 août 2021 dans 21 départements français, incluant la région Île-de-France. Cette pratique, réservée aux deux-roues motorisés de moins d’un mètre de large, est autorisée uniquement sur les autoroutes et les routes à chaussées séparées par un terre-plein central, et lorsque la vitesse est limitée à 70 km/h ou plus. Les règles spécifiques de cette expérimentation stipulent que la vitesse maximale en inter-files doit être de 50 km/h, avec un différentiel de 30 km/h par rapport aux autres véhicules. Au-delà de cette vitesse, les deux-roues doivent réintégrer leur place sur les voies traditionnelles.

Initialement prévue pour s’achever le 1er août 2024, l’expérimentation a été prolongée une première fois jusqu’au 15 septembre, puis jusqu’au 31 décembre 2024, laissant un sursis aux motards qui craignent une interdiction définitive de cette pratique.

Impact des nouvelles mesures sur le périphérique

Le 1er octobre 2024 marque un tournant pour la circulation inter-files dans la capitale. La mairie de Paris, dans sa démarche visant à réduire la pollution et à améliorer la sécurité routière, a abaissé la vitesse maximale autorisée sur le boulevard périphérique de 70 km/h à 50 km/h. Ce changement, déployé progressivement par tronçon, a été généralisé à l’ensemble du périphérique le 10 octobre 2024.

Cette réduction de la vitesse a des implications directes pour les motards : la circulation inter-files, qui n’est autorisée que sur les routes où la vitesse est de 70 km/h ou plus, devient illégale sur le périphérique. Dès lors, les deux-roues motorisés ne peuvent plus dépasser les voitures en file sur cette voie majeure de la capitale. La suppression de cette possibilité sur une infrastructure aussi importante représente une rupture importante pour les utilisateurs de motos et scooters, souvent adeptes de cette méthode pour contourner les embouteillages parisiens.

Motifs derrière la décision

La mairie de Paris justifie cette décision par des motifs de sécurité routière et de lutte contre la pollution. Le périphérique parisien, avec son trafic dense, est souvent le théâtre d’accidents impliquant des motos. En réduisant la vitesse à 50 km/h, les autorités espèrent limiter la gravité des accidents et fluidifier la circulation, en particulier avec la perspective de l’introduction d’une voie réservée pour les transports en commun et les véhicules propres.

Par ailleurs, la mairie de Paris suit une politique d’exclusion progressive des véhicules à moteur individuel, en favorisant les transports en commun, les modes de transport doux comme le vélo, et les véhicules électriques. Cette politique va de pair avec d’autres mesures visant à limiter la pollution dans la capitale.

Perspectives pour l’avenir de la circulation inter-files

Avec la fin programmée de la circulation inter-files sur le périphérique, la question se pose quant à l’avenir de cette pratique sur l’ensemble du territoire. Le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) a actuellement la charge de rédiger un rapport qui devra servir de base pour déterminer si la circulation inter-files pourra être définitivement intégrée dans le Code de la route. Ce rapport, attendu pour fin 2024, évaluera les conditions de sécurité de la pratique et les modifications législatives nécessaires pour une adoption à l’échelle nationale.

Cependant, plusieurs obstacles subsistent. En dehors de Paris, d’autres départements, tels que les Alpes-Maritimes ou les Bouches-du-Rhône, ont également exprimé des réserves concernant la légalisation définitive de cette pratique, en invoquant des préoccupations similaires en matière de sécurité routière.

La voix des utilisateurs de deux-roues

Les associations de motards et de conducteurs de deux-roues motorisés, telles que la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC), sont particulièrement inquiètes face à ces développements. Elles soutiennent que la circulation inter-files, lorsqu’elle est pratiquée de manière responsable, permet non seulement de réduire les embouteillages, mais aussi de limiter les risques d’accidents dus aux bouchons et à la proximité des véhicules.

En outre, la FFMC fait valoir que l’inter-files est une pratique bien ancrée dans la culture motarde française, et qu’elle constitue un outil important pour la mobilité urbaine. Les utilisateurs de deux-roues, qui représentent une part non négligeable des déplacements en milieu urbain, craignent que la suppression de cette possibilité ne réduise considérablement l’efficacité de leurs trajets quotidiens.

En conclusion : La fin de l’inter-files sur le périphérique, prémices d’une interdiction nationale ?

La fin de la circulation inter-files sur le périphérique parisien, consécutive à la réduction de la vitesse à 50 km/h, représente un bouleversement majeur pour les motards de la capitale. Alors que l’expérimentation nationale se poursuit jusqu’à la fin de 2024, la question de sa légalisation définitive reste en suspens. Les conclusions du rapport du Cerema et les décisions politiques qui en découleront seront déterminantes pour l’avenir de cette pratique. Toutefois, les signaux envoyés par la mairie de Paris et les politiques de sécurité routière en vigueur laissent présager des restrictions accrues pour les deux-roues motorisés dans les années à venir.

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