En octobre 2021, la ville de Paris publie son plan bruit. L’équipement en radars acoustiques en fait partie. Comment marchent ces méduses ?

Radars acoustiques : les « méduses » font du bruit

28 janvier 2022 Actualité Assurance

En octobre 2021, la ville de Paris a dévoilé son plan pour lutter contre la pollution sonore pour la période 2021-2026. Une mesure a fait grand bruit : l’installation de radars acoustiques dans la capitale. Mais concrètement, que sont ces « méduses » ? Comment fonctionnent-elles ? Pourquoi sont-elles déployées ? Décryptage du dispositif.

 

Les émissions sonores

Pour bien comprendre la mise en place de cette mesure, il est important de s’arrêter en premier lieu sur ce que sont les émissions sonores. Il s’agit tout simplement d’ondes qui sont perçues par le système auditif. Elles peuvent être d’intensité variable, certaines sont presque imperceptibles et d’autres peuvent endommager l’oreille humaine. Le niveau sonore, exprimé en décibels, quantifie cette intensité de l’oreille humaine. C’est ce niveau qui est mesuré par les sonomètres afin de déterminer si les bruits que l’on perçoit sont ou non dangereux.

On estime que les sons sont nocifs pour l’oreille humaine, c’est-à-dire qu’ils occasionnent une gêne à partir de 90 Db. Néanmoins, c’est à partir de 120 dB que des dommages irréversibles peuvent être causés. Dans un contexte urbain de lutte contre la pollution d’une part et, d’autre part, de multiplication de types d’émissions sonores tels que les bruits de chantiers ou les axes routiers, il est important de savoir qualifier plus précisément les sources d’émissions.

 

La Méduse, un dispositif breveté

D’après une enquête réalisée par le CidB (Centre d’Information sur le Bruit) en juillet 2020 sur la perception des émissions sonores sur le territoire métropolitain, « les bruits vécus comme les plus gênants sont ceux générés par le trafic routier (49%) |…]. Concernant le trafic routier, la gêne se concentre sur les deux-roues motorisés (57%), suivis par les voitures (25%), les Klaxons (12%) et les camions (6%) ».

Pour confronter la perception à la réalité, l’association Bruitparif a développé un dispositif technologique breveté. Appelé « la Méduse » en raison de sa forme, il s’agit en réalité d’un appareil muni de quatre micros et d’une caméra 360°. Il était initialement destiné à qualifier les sources d’émissions sonores dans un contexte urbain.

Comment fonctionne-t-il ? Les micros captent les sons dominants dans toutes les directions. Si la captation du son est opérée de façon assez classique, c’est le traitement des données qui change radicalement la donne. À partir d’un algorithme conçu par l’association, les données sont projetées sur les images de la caméra et permettent d’identifier précisément d’où vient le bruit.

 

La verbalisation des véhicules

Développés dans le cadre d’une expérimentation en application de l’article 92 de la loi LOM (Loi d’Orientation des Mobilités), ces appareils sont testés depuis 2019 dans le département des Yvelines.

Les mesures ont pu mettre en évidence l’impact des deux-roues motorisées. Pour un même trajet, en traversant Paris, un deux-roues non homologué réveillerait ainsi plus de 10 000 personnes la nuit. L’objectif est d’utiliser le dispositif conçu par Bruitparif pour verbaliser les pratiques non respectueuses de la réglementation.

Depuis le changement de la réglementation défini par la loi LOM, les Méduses sont désormais autorisées à prendre les clichés des véhicules qui ne respectent pas la règlementation. Pour rappel, un seuil d’émission sonore a d’ores et déjà été fixé à 80dB en réception dynamique. Un mode de mesure jusqu’alors compliqué à mettre en place, auquel « les Méduses » apportent une solution.

 

Un déploiement dans le temps

Concrètement, les radars acoustiques sont installés depuis novembre 2021, dans les 19ème et 20ème arrondissements, rue d’Avron et rue Cardinet, à Paris. Ils fonctionnent d’abord pendant une période de trois mois, sans verbalisation, « pour évaluer le fonctionnement du matériel en conditions réelles », rapporte la mairie. Les seuils de déclenchement du radar sont encore toutefois à définir.

Cette mesure qui semble essaimer sur l’ensemble du territoire puisque, depuis le mois de juin 2021, les méduses ont également été déployées sur d’autres villes. Nantes, Nice, Toulouse, Bron ou encore Rueil-Malmaison se sont portés volontaires. L’adoption de ces nouveaux radars pourrait intervenir définitivement en 2023.

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